Classement ATP : Évolution de l’age médian du TOP100 mondial*

La saison tennistique 2017 a tiré sa révérence à la suite de la consécration du Bulgare Grigor Dimitrov par le titre du Masters.  Les principaux faits relevés durant la saison furent :

  1. Les défaillances physiques chez une bonne partie des membres du TOP 10 mondial, à savoir les ex-leaders mondiaux Novak Djokovic et Andy Murray, le triple lauréat du grand chelem le suisse Stan Wawrinka, le redoutable Nippon Kei Nishikori, le tchèque Thomas Berdych et le Canadien Milos Raonic, ces derniers ont raté pratiquement la moitié de la saison.
  2. « L’explosion » des jeunes espoirs du tennis mondial, en l’occurrence Zverev, Rublev, Khachanov, Tiafoe, Donaldson, Medvedev, Shapovalov…
  3. La confirmation des valeurs sures Dimitrov, Sock, Thiem, Goffin…
  4. Le retour au 1er plan de l’Argentin Del Potro
  5. Et enfin, la domination du circuit par Federer et Nadal, qui se sont partagés presque la totalité des titres majeurs mis en jeu, exceptés l’ATP finals (Masters) et 4 autres titres de la catégorie Masters 1000.

Les « vétérans » Roger  Federer (36 ans), sacré 7 fois cette saison, dont 5 titres majeurs (2 Grands Chelem et 3 Masters 1000) et son compère Rafael Nadal (31 ans), 6 titres, dont 4 majeurs, ne semblent point impressionnés par leur âges et n’ont jamais été aussi avides de consécrations. Ces champions légendaires sont le porte porte drapeau d’une génération de joueurs exceptionnels, qui ont non seulement marqué ce sport par leur immense talent, mais également réussis à transformer les graphiques temporels de la performance, à des sommets incroyablement élevés.

Ces Champions qui défient le temps (suite et fin)**

Contrairement aux idées reçues, nos deux légendes Federer et Nadal ne font pas l’exception en tant que joueurs prolifiquement titrés au-delà de cette barre de la trentaine. Rien qu’en 2017, les vieux gaillards se sont accaparés la part du lion des titres mis en jeu jusqu’à fin octobre, puisque 32 d’entre eux, sont allés enrichir leur palmarès aux Federer (36 ans) et Nadal (31) bien sûr, mais aussi aux Djokovic (30), Wawrinka (32), Isner (31), Tsonga (32), Muller (34), Kohlshreiber (34), Ferrer (35), Cuevas (31), Fognini (31), Feliciano Lopez (35), Estrella Burgos (37 ans), contre 30 trophées pour leur cadets non trentenaires.

Loin les temps où de jeunes adolescents se pointaient sans crier gare, pour bousculer la hiérarchie. Des victoires aussi précoces telles que celle de Micheal Chang à 17 ans et 3 mois, à Roland Garros 1989, ou de Mats Wilander et Boris Becker au même âge de 17 ans et 9 mois, respectivement à Garros 1982 et Wimbledon 1985, ou celles de Pete Sampras à l’US Open 1990, à tout juste 19 ans, pour ne citer que ces cas, ne sont plus imaginables de nos jours.

Le tennis de plus en plus athlétique, d’année en année, ainsi que les cordages non plus en boyaux mais en matières synthétiques, ne permettent plus à de jeunes premiers de briller très rapidement, comme ce fût le cas il y a deux décennies pour leurs ainés. La transformation du management technique en une science exacte, jonglant avec les statistiques, les ratios et les algorithmes, couplée à une médecine sportive ultra moderne, dotée d’une armada impressionnante d’instruments de radiographie et de mesure, ainsi que des méthodes d’exploration fonctionnelle de plus en plus pointues, permet également de mieux accompagner les sportifs dans la performance et réussi à les faire briller en âge « avancé ».

En fouinant un peu dans les bases de données des trente dernières années, j’ai essayé de mettre au clair l’évolution de l’age médian chez les acteurs du haut niveau et plus particulièrement chez le Top 100 mondial. Il en est ressorti les graphiques et les constatations suivantes :

Entre 1987 et 2007, le top 20 mondial comportait annuellement une moyenne de près de deux trentenaires. La tendance s’est accrue considérablement lors de la décennie suivante (2007-2017) comme le montre la courbe de la figure 1, puisque de nos jours le top 20 comporte autant de trentenaires que de non trentenaires.

Figure 1

Même tendance dans le top 100 mondial, puisque le nombre moyen de trentenaires lors des deux décennies 1987-2007, qui était de 8.7, a explosé à presque le triple, soit 24.8 trentenaires en moyenne, (40 trentenaires dans le Top 100 actuel) (Voir figure 2).

Figure 2

L’age médian du Top 100 mondial qui était de 23.64 ans en 1987 a littéralement explosé depuis, pour dépasser les 28 ans en 2017 (figure 3).

Figure 3

Quant à la qualité des trentenaires contemporains, hormis le nombre et l’importance des titres qui plaident largement en leur faveur lors des dernières années, un autre indicateur le prouve, puisque la moyenne des points des trentenaires du Top 100, qui était largement en dessous de celle des non trentenaires jusqu’en 2010, ces moyennes ont commencé à converger pour s’égaler en 2015, pour ensuite s’envoler en 2017 au profit des trentenaires, démontrant une « espèce » encore plus présente, plus compétitive et plus performante sur le circuit que celle des jeunes joueurs.

Figure 4

Nous avons aussi d’autres cas de longévité extraordinaire de joueurs qui s’étaient particulièrement illustrés à un âge « avancé », il s’agit du Dominicain Victor Estrella Burgos (37 ans), qui a gagné la totalité de ses 3 titres ATP 250 à partir de son 35eme anniversaire, le dernier en date, l’Ecuador Open de Quito en février 2017, à exactement 36 ans et 6 mois. Il a également gagné 7 titres Challenger le long de sa carrière, tous au-delà de 31 ans.

Le Croate Ivo Karlovic, recordman du nombre d’aces en carrière, avec 12278 aces et ayant détenu pendant 5 ans le record mondial de vitesse du service de 251 km/h, grâce à un service foudroyant, il a doté sa carrière d’une longévité exceptionnelle. Le plus surprenant dans la carrière de Karlovic, est le fait que 4 des 8 titres qu’il avait remporté, avaient eu lieu au-delà de son 34ème anniversaire. Egalement 7 sur les 10 finales qu’il avait eu l’occasion de disputer avait eu lieu au-delà de son 35eme anniversaire.

Cette tendance se confirme même sur le circuit Challenger. On peut citer quelques cas parmi les plus représentatifs, le 1er celui de la toute dernière double consécration de l’Espagnol Guillermo Garcia Lopez, de ses deux premiers titres dans cette catégorie, à un âge qu’on se permet de ne plus qualifier d’ « avancé », de 34 ans, qui plus est en l’espace d’ 1 mois, ce qui démontre une disponibilité et un panache exemplaires sur le circuit, que nous ne voyons que rarement chez les jeunes joueurs de nos jours, qui n’arrivent pas à aligner deux consécrations de suite.

Un autre cas que l’on peut citer, est celui de notre compatriote Malek Jaziri, vainqueur cette année à Istanbul de son 7eme trophée dans la catégorie des Challengers, à 33 ans. Ce dernier a également triomphé 5 fois sur 7 au cours de sa carrière, dans cette catégorie, au-delà de la trentaine.

Les jeunes Zverev, Kyrgios, Rublev, Medvedev, Coric, Tiafoe, Nishioka, Donaldson, Khashanov, Tsitsipas, Kokkinakis, Escobedo, Fritz… ont vraiment du souci à se faire et doivent faire preuve de patiente et d’abnégation, s’ils veulent parvenir à ravir le leadership du circuit à leurs ainés.

Il est à noter que, avant la transformation spectaculaire de la dernière décennie, la haute performance à un âge avancé, n’était pas l’apanage d’un nombre important de joueurs, il n’en demeure pas moins qu’au courant de l’histoire, beaucoup de « vieux joueurs » avaient brillé de très belle manière à un âge avancé. Le meilleur exemple que nous pouvons citer, n’est autre que la légende Australienne Ken Rosewall, vainqueur de 133 titres en simple, dont 44 titres à partir de son 34ème anniversaire, lorsqu’il fût avec ses compères, incorporés aux Open en 1968.

Rosewall est le détenteur de 8 trophées du Grand Chelem remportés avant 1957 et après 1968, puisqu’entre temps il avait été banni avec ses compères des rendez-vous professionnels. Il est sans aucun doute, l’un des plus grands joueurs de tous les temps, mais également le joueur le plus sous estimé. Qu’aurait été son palmarès, s’il avait eu l’occasion de disputer les tournois professionnels entre 1957 et 1968 ?

Chez nos belles dames du circuit WTA, nous ne sommes pas du tout loin du phénomène de l’explosion de la courbe temporelle que nous voyons chez leurs compères du circuit masculin. Rien qu’à voir ce qu’accomplissent les soeurs Williams, la cadette Serena aux 36 ans, ne cédant son leadership au sommet de la hiérarchie WTA, qu’au prix de la naissance de sa première fille. Et l’ainée Venus, qui n’a rien perdu de sa verve et de son tonus à 37 ans, et qui a tout le long de la saison, concouru sérieusement pour leadership mondial.

Force est de constater que les 8 meilleures joueuses de la saison, qualifiées pour le WTA finals de Singapour, ont une moyenne d’âge de près de 26 ans. Il est de plus en plus difficile d’imaginer des « adolescentes » capables de réaliser de grands exploits sur le circuit féminin, contrairement aux anciennes générations, telle que celle des années 90 et les exploits des Hingis, Seles et Graf lorsqu’elles s’étaient imposées aussi précocement à seulement 16, 17 et 18 ans, en finales de tournois du Grand Chelem. Ou aussi l’extra-terrestre Américaine Jennifer Capriati, qui s’était invitée en 1990 au Top 10 mondial à seulement 14 ans.

Toutefois, les espoirs sont encore permis avec l’avènement du phénomène Américain Cori Gauff, le grand espoir du tennis féminin, Vice Championne de l’USOpen Junior 2017 à seulement 13 ans et 5 mois.

* Étude Extraite de l’article : Federer le Roi infatigable, frappe de nouveau
** Ces champions qui défient le temps (lien vers l’article en question)
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